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Saturday, May 28, 2022

Arguments finaux percutants au procès du chanteur Jacob Hoggard accusé de viol - Radio-Canada.ca

Un homme avec sa femme et son avocate.

Jacob Hoggard arrive au tribunal de Toronto le 27 mai 2022 pour les arguments finaux de la Couronne et de sa défense.

Photo : Radio-Canada / CBC

La Couronne et la défense de Jacob Hoggard ont déployé vendredi tous les moyens pour convaincre une dernière fois le jury de la culpabilité ou de l'innocence du chanteur. Le consentement est au centre du procès.

Le musicien de 37 ans est accusé de contacts sexuels inappropriés à l'endroit d'une mineure et d'agressions sexuelles ayant causé des blessures contre la même adolescente et une adulte dans la région de Toronto en 2016.

L'avocate de la défense, Megan Savard, a été la première à s'adresser au jury. Étant donné qu'elle a présenté des preuves en appelant deux témoins à la barre, elle a perdu l'avantage de conclure les plaidoiries (dans un procès criminel, la Couronne présente toujours ses arguments finaux en premier, sauf lorsque la défense appelle des témoins, NDLR).

Un plan serré du visage de Jacob Hoggard pendant qu'il chante.

Jacob Hoggard du groupe Hedley en spectacle à Winnipeg le samedi 17 mars.

Photo : La Presse canadienne / Hannah Yoon

Me Savard assure d'abord que les relations avec les deux femmes étaient bien consensuelles. Jacob Hoggard n'a pas violé [ces deux femmes] et il n'a pas touché de façon inappropriée [l'adolescente], dit-elle d'entrée de jeu.

En vertu de la loi, mon client est toujours innocent et la Couronne n'a pas réussi à prouver au-delà de tout doute raisonnable la culpabilité de son client, ajoute-t-elle.

Elle demande au jury de rester objectif et de peser avec soin toutes les preuves dans cette affaire et de ne pas s'avancer en conjectures ou d'émettre des hypothèses. Écartez tout soupçon de votre tête, précise-t-elle.

L'avocate soutient que les deux plaignantes ne sont pas crédibles et que leurs témoignages étaient incohérents, illogiques et truffés d'erreurs factuelles. Leurs allégations sont insidieuses, souligne-t-elle.

Il n'existe aucune preuve médicale qu'elles ont été blessées et les médecins qui les ont auscultées dans les jours suivant leur aventure n'ont rien inscrit à ce sujet dans leur dossier, déclare-t-elle.

Une illustration judiciaire du procès.

Le chanteur Jacob Hoggard plaide non coupable à trois accusations de nature sexuelle à l'ouverture du procès il y a bientôt un mois.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

Me Savard laisse entendre qu'elles ont inventé ou exagéré leurs lacérations vaginales et que de telles blessures peuvent survenir pour plusieurs raisons lors de relations sexuelles consentantes.

Elle cite en exemple des règles, la perte de virginité ou une affection au col de l'utérus.

L'avocate s'interroge d'ailleurs sur le mobile des deux femmes d'avoir porté plainte 18 mois plus tard à la police.

Une illustration judiciaire du témoignage de la première plaignante.

La procureure Jill Witkin interroge la première plaignante à la barre des témoins au procès de Jacob Hoggard que l'on voit en costume noir à gauche avec son avocate.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

Elles se sont senties humiliées et rejetées par son client, selon elle, et elles ont agi par vengeance, parce que le chanteur ne voulait plus rien savoir d'elles après leur aventure d'un soir.

Elles ont élaboré des plans de sortie sophistiqués qui ne tiennent pas la route pour se sortir de leur situation embarrassante, dit-elle.

Me Savard rappelle que l'une des deux plaignantes a feint de devoir rentrer plus tôt au travail pour quitter Jacob Hoggard après leur rencontre à l'hôtel.

Une illustration judiciaire du contre-interrogatoire de la défense.

L'avocate de la défense, Megan Savard, contre-interroge la première plaignante devant la juge, la registraire, le jury et son client, Jacob Hoggard.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

Elle ajoute que la seconde a menti à son client en lui disant qu'elle allait devoir avoir des points de suture dans ses parties intimes. Elle a aussi menti en lui racontant qu'elle allait contacter un avocat, déclare-t-elle.

L'avocate précise que la seconde plaignante a accordé une entrevue télévisée à CBC pour dénoncer le chanteur sur la place publique.

Elle souligne par ailleurs que le fait d'avoir des relations sexuelles inusitées ne fait pas de son client un homme sadique ou un violeur.

Tout accusé au pays doit être protégé contre de fausses allégations et une condamnation injustifiée, poursuit-elle.

Une illustration judiciaire.

La procureure de la Couronne, Jill Witkin, interroge à la barre des témoins la seconde plaignante.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

Elle affirme qu'il est physiquement impossible que [son] client ait pu éjaculer sur l'adolescente à 4 reprises en une heure et 20 minutes, comme elle l'a prétendu.

L'avocate déclare que les deux femmes avaient de bonnes raisons de mentir, parce l'adolescente s'est sentie dupée et parce que l'adulte voulait le punir pour l'avoir laissée tomber.

Elle a été blessée dans son amour propre, en constatant qu'il n'avait aucun sentiment pour elle, dit-elle.

Une illustration judiciaire.

L'avocate de l'accusé, Megan Savard, interroge à la barre la seconde plaignante au premier jour du contre-interrogatoire.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

La défense relève en outre des contradictions à ce sujet dans les dépositions des deux plaignantes à la police, leurs déclarations à l'enquête préliminaire et leurs témoignages à la barre du procès.

L'adolescente a dit à la police qu'elle portait des collants ce jour-là, alors qu'elle a dit au procès qu'elle portait des jeans très serrés, cite-t-elle à titre d'exemple.

Elle admet par ailleurs volontiers que le chanteur est un homme superficiel, vaniteux et manipulateur.

Il a cherché à satisfaire son insécurité dans les bras des femmes pour le sexe et sans amour, parce qu'il voulait assouvir ses besoins de valorisation, souligne-t-elle.

Une illustration judiciaire.

L'avocate de la défense, Megan Savard, a attaqué sans ménagement la seconde plaignante au dernier jour du contre-interrogatoire.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

L'avocate ajoute que son client ne s'en est jamais caché et qu'il a même fait son acte de contrition en acceptant de témoigner devant le jury alors qu'il n'était pas obligé de le faire par la loi.

Me Savard rappelle que son client a ainsi avoué qu'il adorait attirer l'attention des femmes, qu'il n'est pas fier de mentir aux femmes qu'il rencontre, mais que c'est le genre de vie qu'il a apprécié durant 15 ans, lorsqu'il était au sommet de sa carrière.

Elle assure que son client a aujourd'hui délaissé ce style de vie, qu'il s'est réconcilié avec sa femme après l'avoir trompée plusieurs fois (notamment avec les deux plaignantes, NDLR) et qu'ils ont eu depuis un enfant ensemble.

Une illustration judiciaire de Jacob Hoggard.

Le chanteur Jacob Hoggard a témoigné durant deux jours à la barre de son propre procès.

Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould

Il a des remords pour ce qu'il a fait subir à toutes ces femmes et il reconnaît les avoir manipulées en jouant avec leurs sentiments, dit-elle.

« Nous ne condamnons pas au Canada un individu simplement parce qu'il manifeste une promiscuité sexuelle ou parce qu'il s'est mal comporté avec des femmes. »

— Une citation de  Megan Savard, avocate de la défense

L'avocate défend les trous de mémoire de son client à la barre des témoins. S'il ne se souvient plus dans les moindres détails de ce qui s'est passé avec les deux plaignantes, c'est parce qu'il n'y a rien à retenir de relations sexuelles consensuelles, poursuit-elle.

Accompagné de sa femme, le chanteur Jacob Hoggard entre au palais de justice de Toronto, il porte un complet gris clair et une chemise blanche.

Jacob Hoggard et sa femme sont entrés au tribunal de Toronto par une porte dérobée pour éviter les médias à l'ouverture de son enquête préliminaire à l'été 2019.

Photo : Radio-Canada

Elle ajoute enfin que les allégations des deux plaignantes ont eu un impact très négatif sur la vie du chanteur. Jacob Hoggard a tout perdu dans l'aventure, ses amis, sa carrière et la célébrité, explique-t-elle.

Me Savard souligne que son client est retourné à son premier métier de charpentier qu'il exerçait avant de connaître le succès en se classant troisième dans un concours musical de téléréalité.

Il est aujourd'hui un mari et un père de famille, il a acquis de la maturité, dit-elle.

Je vous demande donc de l'acquitter, mon client ne peut être condamné pour avoir été cavalier, pour avoir froissé les sentiments des deux plaignantes, conclut-elle.

Réquisitoire de la Couronne

La procureure Jill Witkin explique au contraire que le modus operandi de l'accusé prouve que les deux plaignantes ont été violées. Je suis convaincue que vous rendrez un verdict de culpabilité à l'issue de vos délibérations, dit-elle aux jurés.

Elle a d'ailleurs rappelé les grandes lignes de son réquisitoire à l'ouverture du procès.

Me Witkin reconnaît que les deux plaignantes étaient jeunes et naïves et qu'elles s'étaient amourachées de Jacob Hoggard, une vedette de rock incontestée à l'époque au pays.

Elle souligne néanmoins qu'elles n'avaient aucune idée de ce qui les attendait, lorsqu'elles ont accepté de plein gré de le rencontrer à son hôtel en septembre 2016 à Mississauga et en novembre de la même année à Toronto.

Silhouette de femme devant une étagère

La seconde plaignante avait accordé en février 2018 une entrevue à CBC qui avait finalement convaincu la première plaignante à porter plainte à la police contre le chanteur.

Photo : CBC News

Jacob Hoggard savait en revanche ce qu'il allait leur faire subir sans égard à leur consentement, leur dignité ou leur santé, poursuit-elle. Elle ajoute qu'il n'est pas nécessaire d'être sadique pour être un violeur.

« Jacob Hoggard est un opportuniste sexuel possessif, violent et sans empathie qui ne cherche qu'à assouvir la luxure de ses désirs.  »

— Une citation de  Jill Witkin, procureure de la Couronne

Tout concorde et il n'y a pas de hasard, selon la procureure. Elle rappelle que les victimes sont de jeunes femmes aux études, que les faits reprochés se sont produits dans une chambre d'hôtel et qu'elles y ont été attirées par la ruse.

La plaignante numéro 2 en entrevue avec une journaliste.

La journaliste de CBC Judy Trinh en entrevue avec la plaignante numéro 2 à l'hiver 2018.

Photo : Radio-Canada / CBC

Elles ont toutes les deux constaté qu'il avait consommé de la drogue, poursuit-elle en ajoutant qu'il leur avait envoyé des vidéos dans lesquelles il se masturbait.

La procureure ajoute que le mode opératoire était aussi le même lors des agressions avec des baisers forcés au début, les mêmes positions de retenue au lit, l'usage d'insultes et de crachats, le recours à l'étouffement, l'absence de préservatif et, enfin, les blessures corporelles à leurs parties intimes.

Me Witkin ajoute que les deux femmes ont supplié le chanteur d'arrêter, parce qu'il leur faisait mal, mais en vain.

Une vue de l'hôtel Thompson.

L'Hôtel Thompson, où la plaignante numéro 2 allègue qu'elle a été violée à répétition par Jacob Hoggard le 22 novembre 2016 à Toronto.

Photo : Radio-Canada / CBC

Elle relève en outre de nombreux trous de mémoire dans le témoignage du chanteur. Il nous a assuré qu'elles y avaient aussi trouvé leur plaisir en gémissant, mais il est incapable de se rappeler des sons et des mots qu'elles émettaient sous le plaisir, dit-elle.

Elles étaient terrifiées, l'une l'a d'ailleurs qualifié de monstre et l'autre, de fou furieux, souligne la procureure qui affirme que les femmes se sont senties trahies, parce qu'elles avaient mis leur confiance en lui.

La procureure demande au jury de faire preuve de bon sens et de bien peser les arguments des deux femmes qu'elle qualifie de solides.

Un homme sur une scène, il tient un micro et on le voit qui chante.

Jacob Hoggard en concert à une date indéterminée.

Photo : Reuters / © Fred Thornhill / Reuters

Elle reconnaît qu'elles ont peut-être eu des comportements discutables après leur agression, comme le fait de ne pas avoir quitté immédiatement l'hôtel ou de ne pas avoir appelé le 911 lorsque l'accusé était sous la douche.

Elle leur remémore à ce sujet l'exposé de son premier témoin : la Dre Lori Haskell, une psychologue spécialisée dans les traumatismes.

Les victimes de viol se mettent automatiquement en mode de survie, qui les empêche de fuir leur agresseur, dit-elle en citant la spécialiste au premier jour du procès.

Elles se sont ainsi senties piégées, ajoute-t-elle en précisant que de tels épisodes sont imprévisibles.

Mug shot

La police de Toronto avait publié à l'été 2018 le portrait policier de Jacob Hoggard

Photo : Police de Toronto

Me Witkin explique que le chanteur n'a pas pris la peine de les rappeler lorsqu'il était de passage à Toronto ou à Ottawa, parce qu'il savait qu'il les avait violées et qu'il ne voulait plus les revoir, contrairement aux autres femmes qu'il revoyait pour une aventure dans chaque ville où son groupe se produisait en spectacle.

Selon la Couronne, les deux plaignantes avaient de bonnes raisons d'être froissées et en colère, mais elles n'ont jamais voulu relancer le mouvement #MoiAussi pour lui faire payer son comportement, contrairement à ce qu'avance Me Savard.

La Couronne rappelle enfin qu'elles ne se connaissent pas et qu'il n'y a donc eu ni collusion ni manigance de leur part contre l'accusé et qu'elles n'avaient aucune raison de mentir, comme le prétend la défense.

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