Invité à livrer un spectacle lors de la prochaine édition du Festival international de la chanson de Granby, le rappeur Samian a appris que sa performance devrait être annulée. La raison? L’artiste reconnu pour chanter en français et en algonquin a refusé de se plier à l’une des conditions imposées par le Festival stipulant que 80% des chansons devaient être livrées en français contre 20% en langues autochtones.
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Le rappeur originaire de la communauté autochtone de Pikogan, en Abitibi-Témiscamingue, a partagé publiquement sa frustration et son incompréhension en publiant un long message sur Instagram lundi. Cela après avoir appris la nouvelle de son retrait du festival par courriel, une semaine seulement après avoir été invité à participer au prochain FICG.
« Finalement, c’est avec stupéfaction que j’apprends ce matin qu’on refuse ma présence, car mon concert ne serait pas 100% en français, a écrit l’artiste de 38 ans. Est-ce qu’encore, en 2022, les langues autochtones doivent être considérées comme des langues étrangères? Ces langues ancestrales d’ici n’ont rien de menaçant pour le français! »
Rejoint par Le Journal, Samian a affirmé avoir fait cette publication par envie et besoin de se vider le cœur et dans le but de poser publiquement des questions d’ordre social dont les réponses lui semblent évidentes.
« J’ai fait cette publication pour que les gens sachent que ça existe et que ça ne devrait pas exister, explique-t-il. C’est frustrant et cela me prouve encore une fois que le combat continue et qu’il ne faut pas baisser les bras; qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire ! Même si on pense parfois que les choses vont bien et que les gens ont finalement compris quelque chose, je réalise que non. »
L’artiste autochtone a fait de la promotion de sa langue et de sa culture son cheval de bataille depuis ses débuts. Il insiste sur la logique d’inviter un artiste autochtone à participer à un événement « pour ce qu’il est et les chansons qu’on connait de lui ».
« Je viens avec qui je suis à 100%, peu importe l’événement, affirme celui qui a souvent participé aux Francos de Montréal sans devoir modifier son répertoire. De mon côté, c’était à prendre ou à laisser et ils l’ont laissé et les raisons sont complètement injustifiables. Je ne vais pas commencer à calculer le pourcentage de langues autochtones dans mon spectacle, voyons donc! »
Samian explique avoir eu une bonne discussion, par personne interposée, avec la direction du Festival, mais sans résultat.
« Moi, ce que j’entends, ce sont des messages politiques derrière tout cela qui disent : tu vas le faire dans notre langue ou pas du tout, ajoute-t-il. C’est là où ça me choque, car cela fait 15 ans que je me bats pour qu’on ait cette place-là, que ces langues soient reconnues et encore une fois, on se retrouve avec des restrictions et à une mentalité que je trouve vraiment coloniale. »
Un festival à prédominance francophone
Rejoint par Le Journal au téléphone, le directeur général du FICG, Jean François Lippé a partagé sa déception de voir Samian retiré de sa programmation et a insisté sur le fait que l’événement est un « festival en prédominance francophone dont la mission est de promouvoir la chanson francophone ».
« Je trouve triste ce qui se passe actuellement, confie-t-il. Nous avons parlé aux représentants de Samian et cela ne reflète pas nécessairement la réalité des discussions puisqu’on était ouvert à ce que Samian interprète aussi des chansons dans sa langue première lors du festival. La proportion était de 80-20%. Si on l’a invité, c’est parce qu’on l’estime beaucoup. »
Samian affirme avoir souvent refusé de monter sur les scènes d’événements qui lui imposaient des conditions par rapport à sa langue, sa culture et ses propos.
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